Je me sens l'envie de parler de la première situation délicate que nous avons vécu il y a quelques jours en parlant de l'adoption avec des personnes.
Des propos qui m'ont choqués et blessés de la part d'une dame, intelligente, qui n'est pas une proche et pourtant qui n'est pas une étrangère. Quelqu'un que je respecte beaucoup au demeurant, d'où le fait que j'ai été tant blessée.
Elle nous faisait part que pour elle, l'adoption, qu'elle soit par un couple comme le notre, nous qui n'avons pas d'enfants, ou par un couple ayant déjà enfanté, restait quoi qu'il arrive un geste humanitaire car notre démarche se résumait à sauver un enfant, d'une vie de pauvreté ou pire d'une mort certaine.
Moi qui aime tant lire, justement cet après midi je continuais la lecture de mon livre "Naitre là bas, grandir ici" et j'ai été heureuse et rassurée d’être tombée sur un paragraphe qui met des mots sur ce que je n'ai pas su exprimer tellement j'ai été désarçonnée, stupéfaite et clairement bouche bée !!
Sur l’adoption humanitaire le docteur JV de Monléon dit :
« L’adoption humanitaire proprement dite n’existe pratiquement pas. J’ai presque envie de dire « tant mieux ». Pour un enfant, une des choses les plus importantes est d’etre attendu, d’être désiré, d’être espéré. On n’adopte pas pour faire un geste, comme si on faisait un don à l’UNICEF. »
Voilà les mots qui sont en moi que je n'ai su sortir, pas par manque de vocabulaire, mais j'ai véritablement été clouée, impossible de remettre en ordre mes idées pour les énoncer clairement. Dire qu’on fait de l’humanitaire en adoptant j’étais, je suis et je serais toujours CONTRE !! Je ne peux pas me résoudre à dire une telle chose, c'est simplement ce qu'il y a de plus réducteur pour qualifier l'Adoption d'un enfant !
Notre choix d'adopter un petit, s'inscrit pour nous dans la continuité d'une histoire, un autre chemin, peut être pas celui auquel nous aurions pensé d'emblée (quoi que pour ma part, l'adoption n'a jamais été exclue, au contraire toujours présente... enfin ça je l'ai déjà dis dans un autre post), mais juste l'expression de l'amour que l'on peut apporter à un enfant. Les fondations sur lesquelles il pourra se construire, apprendre et pousser au mieux. Comme dit une métaphore de Khalil Gibran, phrase que j'aime énormément : "Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés".
J'ai retrouvé ce texte poignant traitant de l'amour parental, qui met les mots lui aussi, sur mon sentiment profond :
Parlez-nous des enfants.
Et une femme qui portait un enfant dans les bras dit,
Parlez-nous des Enfants. Et il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas.
Vous pouvez leur donner votre amour mais non point vos pensées,
Car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps mais pas leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la maison de demain, que vous ne pouvez visiter, pas même dans vos rêves.
Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière, ni ne s’attarde avec hier.
Vous êtes les arcs par qui vos enfants, comme des flèches vivantes, sont projetés.
L’Archer voit le but sur le chemin de l’infini, et Il vous tend de Sa puissance pour que Ses flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l’Archer soit pour la joie ;
Car de même qu’Il aime la flèche qui vole, Il aime l’arc qui est stable.
Khalil Gibran
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